Comparative analysis of material nouns semantics in Russian and French languages
The scope of the study includes material nouns in Russian and French languages. The concept of material nouns and difference them from related phenomena - collective nouns or nouns with a collective meaning. The research methods are presented in stages.
Ðóáðèêà | Èíîñòðàííûå ÿçûêè è ÿçûêîçíàíèå |
Âèä | ñòàòüÿ |
ßçûê | ôðàíöóçñêèé |
Äàòà äîáàâëåíèÿ | 14.06.2021 |
Ðàçìåð ôàéëà | 32,9 K |
Îòïðàâèòü ñâîþ õîðîøóþ ðàáîòó â áàçó çíàíèé ïðîñòî. Èñïîëüçóéòå ôîðìó, ðàñïîëîæåííóþ íèæå
Ñòóäåíòû, àñïèðàíòû, ìîëîäûå ó÷åíûå, èñïîëüçóþùèå áàçó çíàíèé â ñâîåé ó÷åáå è ðàáîòå, áóäóò âàì î÷åíü áëàãîäàðíû.
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COMPARATIVE ANALYSIS OF MATERIAL NOUNS SEMANTICS IN RUSSIAN AND FRENCH LANGUAGES
Ol'ga L. Sokolova
Ural State University of Economics (Ekaterinburg, Russia)
Abstract. The scope of the study includes material nouns in Russian and French. The author clarifies the concept of material nouns and differentiates them from related phenomena - collective nouns or nouns with a collective meaning. The research methods are presented in stages. The first stage incorporates: selection of material nouns from dictionaries by the stepwise identification method and subdivision of the corpus of material nouns into 11 thematic groups. The second stage includes: analysis of dictionary definitions, component analysis of the semic structure and comparison of the volume of the lexical meaning of equivalent pairs in two languages. The third stage presupposes a study of polysemy in the class of material nouns, design of models of metonymical and metaphorical transfer, and analysis of the productivity of these models in the languages under comparison. The author also reveals the typical patterns of broadening and narrowing of the meaning of material nouns. At the fourth stage, the study analyzes two contrasting and mutually complementary phenomena: the transition of material nouns to other lexico-grammatical classes and the growth of the class of material nouns due to conversion of units of other classes. The author briefly analyzes the functioning of material nouns in literary texts in order to describe occasional authored usage of material nouns to create vivid expressive images. The comparative research has revealed more similarities than differences. Material nouns in the languages under comparison most often have similar lexical meanings and demonstrate similar mechanisms of semantic development. Quantitative differences in the realization of certain models are mainly associated with different approaches to compiling dictionaries of the literary language and, secondly, with the morphological features of the languages under comparison, such as the specific features of substantive derivation, the semantics of the plural, the morphological expression of parts of speech, etc.
Keywords: comparative linguistics; material nouns; polysemy; semantics; semic analysis.
ÑÎÏÎÑÒÀÂÈÒÅËÜÍÛÉ ÀÍÀËÈÇ ÑÅÌÀÍÒÈÊÈ ÂÅÙÅÑÒÂÅÍÍÛÕ ÑÓÙÅÑÒÂÈÒÅËÜÍÛÕ Â ÐÓÑÑÊÎÌ È ÔÐÀÍÖÓÇÑÊÎÌ ßÇÛÊÀÕ
Ñîêîëîâà Î.Ë.
Óðàëüñêèé ãîñóäàðñòâåííûé ýêîíîìè÷åñêèé óíèâåðñèòåò (Åêàòåðèíáóðã, Ðîññèÿ)
Àííîòàöèÿ. Îáúåêòîì èññëåäîâàíèÿ ïîñëóæèëè âåùåñòâåííûå ñóùåñòâèòåëüíûå â ðóññêîì è ôðàíöóçñêîì ÿçûêàõ. Àâòîð óòî÷íÿåò ïîíÿòèå âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ, îòãðàíè÷èâàåò èõ îò ñìåæíûõ ÿâëåíèé - ñîáèðàòåëüíûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ èëè ñóùåñòâèòåëüíûõ ñ ñîáèðàòåëüíûì çíà÷åíèåì. Ìåòîäîëîãèÿ èññëåäîâàíèÿ ïðåäñòàâëåíà ïîýòàïíî. Ïåðâûé ýòàï: îòáîð âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ èç ñëîâàðåé ìåòîäîì ñòóïåí÷àòîé èäåíòèôèêàöèè è îáúåäèíåíèå êîðïóñà âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ â 11 òåìàòè÷åñêèõ ãðóïï. Âòîðîé ýòàï: àíàëèç ñëîâàðíûõ äåôèíèöèé, êîìïîíåíòíûé àíàëèç ñåìíîé ñòðóêòóðû è ñîïîñòàâëåíèå îáúåìà ëåêñè÷åñêîãî çíà÷åíèÿ ýêâèâàëåíòíûõ ïàð â äâóõ ÿçûêàõ. Òðåòèé ýòàï - èññëåäîâàíèå ïîëèñåìèè â êëàññå âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ, ïîñòðîåíèå ìîäåëåé ìåòîíèìè÷åñêîãî, ìåòàôîðè÷åñêîãî ïåðåíîñà, àíàëèç ïðîäóêòèâíîñòè ýòèõ ìîäåëåé â ñîïîñòàâëÿåìûõ ÿçûêàõ. Àâòîð òàêæå âûÿâëÿåò çàêîíîìåðíîñòè ðàñøèðåíèÿ è ñóæåíèÿ çíà÷åíèÿ âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ. Íà ÷åòâåðòîì ýòàïå àíàëèçèðóþòñÿ äâà ðàçíîíàïðàâëåííûõ è âçàèìîäîïîëíÿþùèõ ÿâëåíèÿ: ïåðåõîä âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ â äðóãèå ëåêñèêî-ãðàììàòè÷åñêèå êëàññû è ïîïîëíåíèå êëàññà âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ çà ñ÷åò êîíâåðñèè åäèíèö äðóãèõ êëàññîâ. Àâòîð êðàòêî àíàëèçèðóåò ôóíêöèîíèðîâàíèå âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ â õóäîæåñòâåííûõ òåêñòàõ ñ öåëüþ îïèñàòü îêêàçèîíàëüíî-àâòîðñêîå óïîòðåáëåíèå âåùåñòâåííûõ ñóùåñòâèòåëüíûõ äëÿ ñîçäàíèÿ ÿðêèõ ýêñïðåññèâíûõ îáðàçîâ. Ñîïîñòàâèòåëüíîå èññëåäîâàíèå âûÿâëÿåò áîëüøå ñõîäñòâ, ÷åì ðàñõîæäåíèé. Âåùåñòâåííûå ñóùåñòâèòåëüíûå â ñîïîñòàâëÿåìûõ ÿçûêàõ ÷àùå âñåãî èìåþò ñõîäíîå ëåêñè÷åñêîå çíà÷åíèå è äåìîíñòðèðóþò ñõîäíûå ìåõàíèçìû ñåìàíòè÷åñêîãî ðàçâèòèÿ. Êîëè÷åñòâåííûå ðàñõîæäåíèÿ â ðåàëèçàöèè òåõ èëè èíûõ ìîäåëåé ñâÿçàíû, â îñíîâíîì, ñ ðàçëè÷íûìè ïîäõîäàìè ê ñîñòàâëåíèþ ñëîâàðåé ëèòåðàòóðíîãî ÿçûêà è, âî-âòîðûõ, ñ ìîðôîëîãè÷åñêèìè îñîáåííîñòÿìè ñîïîñòàâëÿåìûõ ÿçûêîâ, òàêèìè êàê îñîáåííîñòè ñóáñòàíòèâíîé äåðèâàöèè, ñåìàíòèêà ìíîæåñòâåííîãî ÷èñëà, ìîðôîëîãè÷åñêàÿ âûðàæåííîñòü ÷àñòåé ðå÷è è ò. ä.
Êëþ÷åâûå ñëîâà: ñîïîñòàâèòåëüíàÿ ëèíãâèñòèêà; âåùåñòâåííûå ñóùåñòâèòåëüíûå; ïîëèñåìèÿ; ñåìàíòèêà; ñåìíûé àíàëèç.
Introduction. L'étude comparative de classes de mots isolés et de systèmes lexicaux entiers représente traditionnellement un des centres d'intérêt des linguistes. Les problèmes discutés au cours de ces études (l'expression des catégories grammaticales, les liens profonds entre les significations lexicales et grammaticales, la motivation et la forme interne des mots, les sèmes principaux et secondaires de la signification, la régularité de la polysémie, etc.) sont notamment conditionnés par les besoins de la lexicographie moderne liés aux perspectives de la traduction par intelligence artificielle, notamment.
Rappel de la problématique. Dans la pensée linguistique il est généralement admis que la catégorie de matérialité a peu de moyens d'expression proprement langagiers ce qui explique le fait que les noms de matière sont souvent considérés indirectement et ne représentent pas souvent un objet d'étude en soi. Tout d'abord, cela est dû à l'incertitude du concept de matérialité elle- même. Qu'est-ce qu'une matière, une substance, comment des objets isolés sont formés à partir de la masse amorphe d'une matière, quelle est la différence entre les objets composés de la même matière-substance - ce sont les questions phili- sophiques et onthologiques plutôt que purement linguistiques. En linguistique, certains phénomènes liés directement ou indirectement à la catégorie de matérialité sont plus au moins décrits: les noms collectifs, comptables et non-comptables, les particularités du singulier et du pluriel dans certains groupes des noms etc [Tatarinova 1987; Niklas-Salminen 2015; Essono 1998; Beleeva 2000; Gak 2000; Borisova 2002].
Plusieurs chercheurs avaient classé les noms de matière en groupes thématiques, l'appartenance de certains groupes thématiques aux noms de matière étant souvent contestée [Tatarinova 1987; Khabibullina 2002; Borisova 2000].
Les particularités de la catégorie du nombre et la transposition des noms de matière, utilisés au pluriel, dans une autre catégorie lexico-gram- maticale comme noms de chose ou noms abstraits en russe et en français sont décrits de manière assez détaillée [Dubois, Lagane 1973; Lya- shevskaya 1999].
La polysémie des noms, y compris les noms de matière a été décrite dans plusieurs ouvrages, les chercheurs faisant plutôt attention aux particularités de l'utilisation de l'article partitif et au passage des noms comptables dans la classe de non-comptables et inversement [Kleiber 1999; Re- printseva 1999; Beleeva 2000; Khabibullina 2002].
Les problèmes de lexicologie comparative qui attendent encore leur solution sont suivants : le volume de la signification lexicale des noms de matière dans les langues comparées, la polysémie régulière et occasionnelle dans la classe des noms de matière avec ou sans transition vers d'autres classes lexico-grammaticales et, finalement, les différents moyens de formation des noms de matière et leurs potentiel dérivationnel.
Les noms de matière sont définis comme les noms désignant les substances, les objets indiscrets et continus qui ne forment pas une entité séparée, ne peuvent pas être comptés mais uniquement pesés ou mesurés (eau, sable, plomb). Ces objets indiscrets et continus conservent leur statut face à la rupture de leur intégrité, les relations entre une unité et une multitude ne peuvent pas leur être attribuées, tandis que les relations entre une partie et le tout, au contraire, caractérisent leur façon d'être [Gak 2000: 121].
Méthodologie. L'objet de notre étude est donc les noms de matière en russe et en français contemporain. L'étude porte sur les définitions des 763 et 688 noms de matière russes et français respectivement. L'échantillonnage a été réalisé à partir des dictionnaires unilingues. L'analyse comparative est la méthode essentielle utilisée lors de l'étude, les données étant sélectionnées par la méthode de l'identification par étapes, l'analyse des composants, l'analyse sémique. L'unification des sèmes similaires a été utilisée lors de l'analyse comparative de la structure de la signification lexicale des noms de matière et de leurs dérivés ainsi que de leurs significations secondaires ou figurées.
L'analyse comparative est réalisée autour de quatre champs de recherche : établir les différences et les similitudes de la signification lexicale des noms de matière en russe et en français, formuler les modèles de transfert de sens lors de la création des nouvelles significations, comparer la productivité de ces modèles dans les langues russe et française contemporaines, tracer les pistes du passage des noms de matière dans les autres classes des noms et inversement.
L'analyse de la sémantique dans le cadre de notre étude inclut l'inventaire le plus complet possible des composants de la signification lexicale: les composants dénotatifs (sèmes génériques, spécifiques), et connotatif (éléments émotionnels, expressifs, évaluatifs et stylistiques). Ensuite, il est nécessaire de comparer la nomenclature des sèmes et leur statut dans la structure de la signification des noms de matière équivalents. Il peut y avoir trois types de relations : soit la nomenclature et le statut des sèmes dans les deux définitions est identique, soit un sème est présent dans une définition et absent dans l'autre, soit le statut d'un sème dans les deux définitions est différent, par exemple, le sème est spécifique dans une langue et éventuel dans l'autre.
Les enjeux de l'analyse de la polysémie des noms de matière consistent en conceptualisation des mécanismes de la nomination secondaire dans le cadre du transfert métaphorique, métonymique, ainsi que de l'extension, de la restriction, de la généralisation, de la concrétisation et du glissement de la signification.
Les critères de la délimitation des groupes thématiques des noms de matière sont suivants :
1) selon le mot-identificateur dans la définition représentant le plus souvent le sème générique (nourriture, médicament, élément chimique);
2) selon les sèmes désignant le domaine de l'utilisation de la matière (utilisé dans la construction ou utilisé en parfumerie);
3) quelques petits groupes ont été réunis en plus grands afin d'éviter le morcellement de la classification (groupe de substances «la nature non-vivante»).
Selon notre étude, les noms de matière en russe et en français forment 11 groupes thématiques:
1) produits alimentaires;
2) éléments chimiques;
3) compositions chimiques;
4) substances médicinales et toxiques;
5) tissus, fourrures, matériaux en papier et en cuir;
6) matériaux de construction;
7) groupe de substances «nature non-vivante»;
8) groupe de substances «nature vivante»;
9) substances fumantes, aromatiques et cosmétiques;
10) déchets, résidus et produits de décomposition;
11) autres substances.
Notre étude a montré que les groupes thématiques de noms de matière dans les langues russe et française étaient identiques ce qui, cependant, ne saurait surprendre. Nous expliquons cela par le fait évident que la plupart des personnes parlant le russe et le français existent dans des conditions culturelles et historiques similaires, sont à peu près au même niveau du développement. Il existe des écarts quantitatifs dans certains groupes thématiques, notamment, les groupes thématiques «aliments», «médicaments», «compositions chimiques», «matériaux de construction», «tissus» et «déchets» comptent plus de vocables en russe et le groupe thématique «substances aromatiques» est plus nombreux en français. Ces différences ne sont pas très considérables et peuvent être expliquées, entre autres, par les différentes approches dans les traditions lexicographiques russe et française.
Lors de l'analyse comparative de la polysémie des noms de matière, nous avons identifié 8 modèles productifs de la métonymie lexicale. Certains modèles avaient été déjà décrits dans les ouvrages scientifiques [Lopatnikova, Movsho- vich 2001; Niklas-Salminen 2015; Lehmann, Martin-Berthet 1998; Essono 1998], dans ces cas nos données ne font que confirmer l'éxpérience précédente. Les modèles «plante - substance provenant de cette plante», «substance - lieu du traitement ou de l'utilisation», «substance - symbole d'une notion abstraite», à notre connaissance, n'ont pas été caractérisés avant
1) matériel - produit (en français : fer - `métal' et `fer à cheval' ; en russe : ìåäü - `cuivre' (métal) et `instruments de musique à vent de cuivre', `pièce de monnaie en cuivre');
2) substance - action produite à l'aide de cette substance (en français : shampooing - `lavage des cheveux' et `liquide moussant pour laver les cheveux'; en russe .* ìàñòèêà - `action du mastiquer' et `substance visqueuse pour sceller les fissures') ;
3) nom géographique - produit (en français : cognac - ville et `alcool fort de la région du même nom', vichy - ville, `tissu de coton de Vichy' et `eau minérale de Vichy'; en russe le modèle n'est pas productif en raison de l'existence des marqueurs morphologiques des parties de discours);
4) une partie et le tout (en français : crocodile - animal et `peau de crocodile'; en russe : ïûæèê - `petit veau du cerf' et `sa fourrure');
5) plante - substance provenant de cette plante (en français : alfa - `plante herbacée' et `papier à partir des fibres de cette plante'; en russe : ñîÿ `soja' - `plante herbacée' et `sauce piquante de ses grains');
6) substance - moment ou lieu où la substance est consommée, traitée, etc. (en français : cocktail -` un mélange de diverses boissons' et `une réunion de personnes où l'on boit ce genre de boissons'; en russe : êâàðö `quartz' - `minéral, silice naturelle cristallisée' et `irradiation avec une lampe à quartz');
7) matière - espace occupée par la matière (en français : air - `fluide gazeux' et `espace occupé par ce gaz'; en russe : âîäà `eau' - `liquide transparent' et `masse d'eau d'une rivière, d'un lac');
8) substance - symbole d'une notion abstraite (en français : or - `métal' et `symbole de richesse et de haute valeur'; en russe : êðîâü - `sang - `liquide visqueux qui circule dans les vaisseaux', `une parenté étroite' et `un bain de sang').
Comme nous le voyons, outre les modèles métonymiques productifs pour plusieurs catégories lexico-grammaticales, il existe également des modèles spécifiques pour les noms de matière: transfert de sens « plante - matière » et « matière - espace » (modèles 5 et 7). La plupart des modèles sont également productifs dans les langues comparées et le nombre d'exemples pour chaque modèle est approximativement le même. Cependant, il existe des différences significatives dans la réalisation de certains modèles. Par exemple, le modèle 2 « matière - action produite avec cette matière » est beaucoup plus productif en russe - 24 exemples contre 6 en français. Cela s'explique par le fait qu'il existe un grand nombre de verbes dans la langue russe qui désignent différents processus technologiques. Ces verbes sont souvent des mots motivants pour de nombreux noms de matière dérivés : çàáåëèòü - çàáåëêà `blanchir - blanchissement' etc, le mot russe çàáåëêà ayant deux significations : celle de processus technologique et celle de produit utilisé lors de ce processus. Le modèle 3 « nom géographique - produit » n'est pas productif en russe, car, premièrement, le nom du produit selon les lois de la langue russe est une unité lexicale à part (Øàìïàíü - øàìïàíñêîå `Champagne (région)' - `champagne'(vin)). De plus, les noms de certains produits sont empruntés à d'autres langues et, par conséquent, la réinterprétation en tant que telle ne se fait pas en russe (xérès - initialement emprunté à l'espagnol comme nom du vin et non comme nom de la localité).
Nous passons ensuite à l'analyse de la polysémie par transfert métaphorique de signification. Au cours de l'étude, 51 cas ont été trouvés dans la langue française et 47 dans la langue russe. Les modèles de transfert métaphorique dans la classe des noms de matière sont suivants :
1) matière - notion abstraite (en français : antidote - `contrepoison' et `remède contre le chagrin'; en russe : áàëüçàì `baume' - `substance parfumée' et `quelque chose qui soulage la souffrance');
2) matière - personne (en français : dynamite - `substance explosive' et `homme colérique'; en russe êðåìåíü - `silex' et `homme dur et inflexible');
3) matière - objet ou animal (en français : éponge -` substance poreuse légère' et `animal marin');
4) matière - matière (en français : résine -` produit de sécrétion végétale' et `nom de certains types de plastique'; en russe : êðóïà `gruau' - `produit alimentaire' et `neige sous forme de petits grains').
La base du transfert métaphorique de signification peut être une similitude dans la fonction ou l'action sur l'organisme vivant (aliment - `produit alimentaire' et `au figuré : ce qui nourrit, soutient”). Le transfert de sens est également possible s'il y a des sèmes communs décrivant les différentes caractéristiques qualitatives d'une matière et d'un objet (chose, animal ou humain) telles que:
1) apparence (laque - `gomme rouge' et `laque chimique');
2) position dans l'espace (gangue - `matière sans valeur qui entoure un minerai' et `enveloppe”);
3) propriétés physiques telles que la douceur, la dureté, la consistance (éponge - animal et matière);
4) «comportements habituels» (soupe au lait - `plat' et `une personne qui se met facilement en colère”).
Les sèmes communs qui donnent lieu au transfert de signification métaphorique ne sont pas toujours exprimés explicitement, ils peuvent être implicites, éventuels ou potentiels. Souvent, les noms de matière sujets à un transfert métaphorique développent des significations secondaires similaires dans les deux langues comparées.
Nous avons ensuite découvert deux modèles de changement de signification qui ne font pas passer les noms de matière dans les autres classes grammaticales. Autrement dit, les noms de matière gardent leur sens de matérialité.
1) concrétisation-généralisation (en français : gaz - ` toute substance à l'état gazeux', `gaz utilisé pour l'éclairage' et `substance toxique de combat' ; en russe ìàçü `pommade' - `mélange épais de graisses avec des substances médicinales pour frotter dans la peau” et `substance grasse épaisse pour lubrifier qch”). Fait curieux: le plus souvent, dans les dictionnaires de la langue française, le sens plus large est indiqué le premier, il est ensuite concrétisé par des sèmes spécifiques, et en russe, en premier lieu, il y a un sens plus restreint, qui perd une partie des sèmes différentiels et s'élargit ainsi. Dans certains cas, la restriction du sens des noms de matière en français est associée à un changement de traits grammaticaux ou à un contexte syntagmatique particulier (matières - au pluriel peut signifier `matières fécales', alors que la matière grise désigne le cerveau);
2) utilisation d'une seule unité lexicale pour nommer des matières de composition similaire utilisées à des fins différentes ou dans des domaines différents (en français : safran - épice et colorant; en russe .* õðîì `chrome' - `élément chimique' et `colorant à base de chrome”). Le même vocable désigne souvent des substances de composition similaire, qui diffèrent par le mode de production, l'utilisation, etc. l'une des significations étant souvent stylistiquement marquée (poudre - `substance solide finement broyée' et `poussière (vieilli)'; en russe : ñèðîï `sirop' - `solution concentrée de sucre dans l'eau! et `décoction épaisse de jus d'herbes médicinales (pharmj.
Nous définissons certains changements de signification comme utilisation de mots occasionnelle ou individuelle de l'auteur. En règle générale, la base de cette utilisation particulière du mot est l'actualisation des sèmes éventuels ou potentiels de la signification. Ces mots sont créés et utilisés pour mettre en oeuvre une image expressive et originale (en français : une voix de feutre = `une voix sourde' [Duras 1984]; en russe : íå ÷åëîâåê, à ìûëüíàÿ ïåíà - `ce n'est pas un homme, juste de la mousse savonneuse' - en parlant d'une personne molle, sans caractère [Tolstaya 2003].
Les sèmes éventuels ou potentiels s'actualisent souvent dans les adjectifs et les verbes, motivés par les noms de matière ou dans les locutions (en français : « les médicaments feutrent les douleurs » - c'est-à-dire, `adoucissent, enveloppent dans le feutre' [Calfan 2000]; en russe : ø¸ëêîâûé ãîëîñ `une voix de sort, c'est-à-dire, `une voix douce et caressante' [Soloviev 20x7] ou, un exemple amusant et très original øåðñòÿíîé ãîëîñ `une voix de laine' - un personnage parlait d'une voix de laine parce qu'il avait son bonnet de laine dans la bouche en guise de bâillon [Tolstoï 20x8]).
Dans les langues comparées, il existe deux processus complémentaires: premièrement, l'enrichissement du vocabulaire par l'évolution sémantique des noms de matière et, deuxièmement, la création des noms de matière par la voie de l'évolution sémantique des vocables des autres classes grammaticales.
Ainsi, malgré un degré relativemant faible de polysémie dans la classe des noms de matière russes et français, ceux-ci sont-ils une source de création de nouveaux vocables comme nous venons de le constater. Les noms de matière peuvent donc devenir noms de choses (en français : charbon -`combustible solide, noir, d'origine végétale, tiré du sol' et `un morceau de charbon' ; en russe : áóìàãà - `papier' - `matière fabriquée avec des fibres végétales' et `document”)-, ils peuvent également désigner les espaces (en français : terre - sol et territoire ; en russe : ãóäðîí - `bitume' -`produit visqueux noir' et `route couverte de ce produit”). Un nom de matière peut devenir symbole d'une notion abstraite (en français : plomb - métal et symbole de pesanteur, en russe : ïîò `sueur' - `liquide suintant des pores de la peau' et `travail dur”), ou bien peut désigner une personne ou un animal (voir les exemples plus haut).
A leur tour, les noms de matière peuvent provenir par suite de l'évolution sémantique des vocables désignant:
1) les animaux (en français : agneau - `animal' et `viande' ; en russe íîðêà - `vison' - `animal' et `sa fourrure');
2) les plantes (en français : chêne - `arbre' et `son bois' ; en russe øàëôåé `sauge' - `plante' et `tisane à base de cette plante”);
3) les processus technologiques (en français : lotion - `préparation' et `application de cette préparation'; en russe : òêàíü¸ - `tissu' et `action de tisser);
4) les noms géographiques (productif en français : Havane - La Havane et le tabac de La Havane);
5) les noms propres (productif en russe ãåðêóëåñ - `Hercule' - `personnage mythique' et `céréales à base d'avoine'. Nous pourrions y ajouter le sème potentiel `qui donnent de la force”).
Les noms de matière peuvent également être formés à partir des mots d'autres parties du discours. Vu les différences morphologiques considérables entre les langues russe et française, la conversion des vocables entre les parties de discours dans les langues comparées présente plus de distinctions que de similitudes. La création des noms de matière se réalise de façon plus ou moins régulière à partir des parties de discours suivantes:
1) adjectifs du genre neutre et participes présents des verbes imperfectifs en russe (ðâîòíîå - `médicament pour faire vomir', ñëàäêîå - `sucré - `dessert', áîëåóòîëÿþùåå - `analgésique”);
2) adjectifs du masculin ou du féminin et participes présents et, plus rarement, participes passés en français : élastique (tissu), laxatif opaline, désherbant, extrait.
Nous considérons ces vocables comme noms de matière ayant perdu le mot-identificateur tel que: médicament, tissu produit, pierre L'utilisation du participe passé (extrait - du verbe extraire) montre que la substance n'effectue pas, mais subit l'action dsignée par le verbe motivant. Les noms opaline - `verre opale' et saccarine étymologiquement sont formés à partir des formes du genre féminin des adjectifs opalin - `ressemblant à l'opale" et sacca- rin - `lié au sucre'. La forme du genre féminin s'est très probablement établie en français par analogie avec de nombreux noms de matière du genre féminin avec l'élément -ine.
Dans les langues comparées les noms de matière peuvent nommer les couleurs (plus souvent en français) et jouer le rôle d'un attribut invariable: bordeaux, áîðäî - ` couleur du vin rouge', rouille - `couleur de la rouille', moutarde - `couleur de la moutarde'.
Conclusion et perspectives. L'étude contrastive de la sémantique des noms de matière en russe et en français nous fait arriver aux conclusions suivantes:
Le nombre des noms de matière dans les langues comparées est relativement égal, une différence insignifiante peut être expliquée, premièrement, par les différentes traditions lexico- graphiques dans les langues comparées comme l'inclusion dans les dictionnaires de la langue littéraire russe d'un grand nombre de vocables rares, stylistiquement marqués et, deuxièmement, par la présence de lacunes liées à certaines caractéristiques culturelles particulières des peuples parlant le russe et le français.
Dans les langues compaées, les noms de matière forment onze groupes thématiques identiques Il existe des écarts quantitatifs dans certains groupes thématiques. Les groupes thématiques «aliments», «médicaments», «compositions chimiques», «matériaux de construction», «tissus» et «déchets» comptent plus de vocables en russe et le groupe thématique «substances aromatiques» est plus nombreux en français. Ces différences sont dues aux différences susmentionnées dans les traditions lexicographiques russe et française.
Dans la plupart des cas, le volume de la signification lexicale des noms de matière dans les langues comparées est le même. Les différences dans le volume de la signification des noms de matière équivalents sont enregistrées dans les cas où dans une des langues la définition des noms de matière possède un sème spécifique indiquant: 1) les particularités de la composition de la matière; 2) l'origine de la matière d'un lieu particulier; 3) le domaine de l'utilisation limité de la matière. Le nombre de ces cas dans les langues comparées est approximativement égal, de sorte qu'il est impossible de conclure que dans l'une des langues, le volume de la signafication des noms de matière soit plus large ou plus étroite.
La formation des significations secondaires dans les langues comparées se réalise par un transfert métonymique et métaphorique, ainsi que par extension et restriction de la signification. Nous avons construit et analysé 8 modèles de métonymie lexicale, dont deux («plante - matière» et «matière - espace») sont des modèles spécifiques des noms de matière, les autres modèles fonctionnent également dans d'autres classes lexico-grammaticales. La mise en œuvre de ces modèles dans les langues comparées est à peu près la même en termes quantitatifs, à l'exception du modèle «matière - action», qui est plus productif en russe, et du modèle «nom géographique - matière», qui est plus productif en français. Les divergences s'expliquent, premièrement, par un grand nombre de noms spéciaux russes désignant un processus technologique et la substance utilisée dans ce processus. Deuxièmement, l'asymétrie est due à la facilité de transition des adjectifs français dans la classe des noms et vice versa.
Le transfert métaphorique de la signification est possible à la base de sèmes communs caractérisant l'apparence, les fonctions, la position dans l'espace, les propriétés physiques de la substance et ses «comportements typiques». Le transfert métaphorique fait d'un nom de matière le nom d'une autre matière, ainsi qu'un nom de personne, d'animal, d'un objet et de certaines notions abstraites. Dans la plupart des cas, les noms de matière sujets à un transfert métaphorique du sens dans les deux langues développent des significations secondaires similaires.
L'extension et la restriction de la signification des noms de matière en russe sont deux fois plus fréquentes que dans la langue française. En règle générale, dans ces cas, il s'agit de matières de composition similaire, présentant certaines différences dans l'utilisation et dans leur façon de production.
L'évolution sémantique et la conversion morphologique des vocables dans les langues comparées sont bidirectionnelles: les noms de matière peuvent passer dans les autres classes et les vocables des autres classes peuvent devenir noms de matière. Notre étude établit les modèles productifs de ce transfert dans les deux langues.
L'étude révèle un grand nombre de caractéristiques similaires des langues comparées: les mêmes groupes thématiques des noms de matière, les modèles de polysémie proches dans la classe étudiée, les sources d'enrichissement du vocabulaire de la langue. Nous expliquons ces similitudes par le caractère ouvert des systèmes linguistiques et par la proximité des conditions culturelles et historiques qui, à notre avis, existe entre les deux peuples. Certaines différences quantitatives et qualitatives dans la réalisation de certains modèles sont dues à des approches différentes adoptées dans les traditions nationales de lexicographie, à des différences dans la structure grammaticale des langues comparées.
Nous associons les perspectives d'études ultérieures des noms de matière en russe et en français au développement des problèmes suivants:
1) l'analyse du fonctionnement de noms de matière dans le discours visant à la détection et la systématisation de sèmes potentiels dans leur signification;
2) les problèmes de la traduction des noms de matière ayant une valeur stylistique particulière résultant de l'utilisation individuelle et occasionnelle dans le discours oral et écrit.
Une étude envisagée implique un appel à un matériel linguistique spécifique, notamment, à des exemples d'utilisation de noms de matière dans la littérature de fiction, les textes de mass-média, l'audiovisuel, ainsi qu'à la participation des sujets parlants.
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